Il y a deja bien de tems, que nous souhaitions de trouver une occasion de feliciter Votre Exellence, avec l’heureuse & Rapide Revolution de l’Amerique, dans la quelle Votre Exellence a eu un si grand part, & qui vient de finir avec tant de gloire pour votre Patrie, & pour vous meme, nous la souhaitons avec d’autant plus d’empressement parce que Votre Exellence, durant sa residence dans cette Ville nous a honoré avec le fournissement de tels livres dont Votre Exellence a fait usage, tant pour Vous meme, que pour Votre famille, ce qui nous a procuré le bonheur de Vous recevoir quelque fois chez nous, ainsi que de connoitre votre caractere humaine & aimable.

Nous l’avons trouvée maintenant & en consequence, nous prenons humblement la liberté d’en faire usage, en prenant celle de recommander a Votre Exellence deux amis avec les quels nous sommes liés intimement, & qui ont le dessein de fixer leur domicile a Philadelphie, & d’y exercer la Librairie, ayant fait pour cela une collection considerable des meilleurs livres, qu on puisse trouver, & prenant en outre toutes les mesures propres à se mettre en etat d’augmenter de tems en tems ce fonds pour pouvoir contenter toutes les demandes, que les amateurs en amerique leur pourroient faire pour les livres de l’Europe. Cette entreprise, que Votre Exellence comprend bien ne pouvoir etre executée qu’a des grands fraix vient d’etre formée par Messieurs Boinod & Gaillard, Suisses de nation,1 ce Mons: Gaillard a une pension françoise établie et priviligiée depuis plusieurs années dans une des principales Villes de la Hollande, mais qu’il est obligé d’abandonner par raison de santé, l’autre Mons. Boinod est avocat & s’est voué a l’education particuliere, il a voyagé pendant quelques années avec son Eleve, qui est actuellement a notre université pour finir ses Etudes, ces Messieurs ont de puissantes protecteurs dans ce Pays, dont ils pourront avoir de bonnes recommandations, & ils possedent toutes les connaissances requises pour remplir un tel dessein. Puisque donc ces amis, nous sont chers & que nous serions charmé de pouvoir contribuer quelque chose a la reussité de leur affaire, nous avons compris que la puissante influence de Votre Exellence, en toút ce qui regarde les affaires americaines, pourroit faire plus que tout autre chose, nous recommandons humblement ces amis a Votre protection & faveur, 338Vous priant instamment Monsieur de vouloir bien leur favoriser de Vos recommandations aupres de telles personnes en Amerique, que Vous jugerez en etat de les aider dans leur dessein, ou meme, que Votre Exellence, en retournant dans sa chere & maintenant libre patrie, veuillé bien leur marquer les memes bontés, que Votre Exellence a bien voulu nous montrer ici a Leyde, & nous regarderons cette bienveillance accordée a nos susdits amis comme faites à nous memes, & en conserveront toujours un souvenir eternel. faites nous Monsieur, la grace de nous repondre deux mots sur cette presente, enfin de pouvoir encore rejouir nos amis avant leur depart, qui se fera bientot.

Nous sommes dans cette attente avec le plus profond respect / Monsieur / Vos tres Humbles & / tres Obeissantes Serviteurs

J’ai la satisfaction d’annoncer à Votre Excellence, qu’ayant été informé le 11 du courant de l’arrivée de Monsieur Adams votre fils, en cette Ville de Hambourg, venant de Copenhaguen, je me suis présenté aussitôt en son Hôtel pour avoir l’honneur de le saluer, lui offrir mes services & l’engager de faire une visite au Ministre de France. Le même jour je l’ai présenté au Premier Bourguemaître & Président du Senat de la ditte Ville de qui il a été trèsfavorablement acceuilli. Le jour suivant J’obtins l’agrément de le conduire au Senat où on désiroit le voir; il y fut également acceuilli.

Je lui ai donné pour société Messrs. C. Voght & Cie. une des plus puissantes Maison de Hambourg qui lui procurera pendant son séjour tous les amusemens possibles—1 Je me vois, avec peine, privé du plaisir de tenir compagnie plus longtems à Monsieur Votre fils, espérant faire voile incessamment pour l’Amérique tant pour y 340régler mes Comptes avec les Etats & les Particuliers, que pour prouver l’innocence de ma cause & l’injustice que j’ai supportée.

Persuadé que la Nation Américaine s’aura mieux apprécier ma conduite que ne l’ont fait mes compatriotes surtout les Negts. de Nantes, Ville où j’ai fait fleurer le Commerce par celui que j’ai introduit de la Nouvelle-Angleterre, & où pour récompense, j’ai supporté les plus affreux évènemens sans avoir pu jusqu’a ce moment obtenir aucune justice, pas même réponse au mémoire que j’ai eu l’honneur de vous communiquer à la Haïe.

Si vous avez des paquets à faire passer en Amérique, je m’en chargerai avec plaisir.

J’ay l’honneur d’être avec le plus profond Respect, / De Votre Excellence, / Le très-humble & très- / Obéissant serviteur.