Si je n’ai point pris jusqu’ici la liberté de remercier votre Excellence de la grace qu’elle me fit l’année passée de me donner des lettres de recommandation, c’est que j’ai craint de l’importuner & de la distraire d’occupations importantes—Je n’en ai pas moins senti tout ce que je devois à vos bontés, & j’ose prendre la liberté de vous en témoigner ici toute ma reconnoissance— Monsieur Mifflin m’a comblé d’honnêteté, & s’est intéressé chaudement pour nous—1

Mr. Gevaerts de Dordt m’a écrit qu’il avoit eu l’honneur de vous voir quelquefois l’hiver dernier—2 Il vous aura peut-être, que j’avois lieu d’espérer quelque succès! dès lors nos affaires ne vont plus si bien, & cela n’est pas étonnant vû l’extrême rareté de l’argent— Mais il faut espèrer que tout s’améliorera, & que la suite recompensera les épreuves & les sacrifices que l’on est obligé de faire— J’espere que votre Excellence rendra justice aux sentimens que nous adoptons dans notre gazette & qu’Elle voudra bien croire que nous ne sommes animés que par le plus pur patriotisme— Vous aurez vû que Mr. Hopkinson n’a pas jugé à propos de répondre à ce que nous avons avancé contre lui dans la gazette de Claypoole, & a reconnu—tacitement la fausseté de ses assertions— Il ne cesse point cependant de nous susciter des tracasseries, & nous éprouvons beaucoup de découragement depuis quelque tems: mais comme nous n’avons rien à nous reprocher nous continuerons sur le même pied aussi longtems que nous pourrons—3

Pardon Monsieur de mon importunité, j’ai voulu saisir l’occasion de vous remercier en vous envoyant notre gazette,4 & de me recommander de nouveau à la précieuse protection de votre Excellence, que je prie d’agréer les sentimens du plus profond respect avec le quel J’ai l’honneur d’être / Monsieur! / Vôtre très humble & très obeïssant / serviteur